Dossiers d'information
 
  Conférence du Professeur Michaël Adler
(ULB-Erasme - 15.11.2000)
  Statistiques
Evolution
Facteurs
Types de transmission
Symptômes
Evaluation
Contagion
Résumé

  STATISTIQUES
  En moyenne, 3 % de la population mondiale est porteuse du virus de l'hépatite C. Bien sûr, la répartition n'est pas homogène. …par exemples : 3,2 millions d'Égyptiens sont atteints. (soit 5 %) 4 millions de malades aux U S.A. (soit 1,5%) 5 millions en Europe. (soit 0,7%) 600.000 en France. (soit 1%) entre 100.000 et 200.000 en Belgique. (soit entre 1% et 2%)

En Europe, sur 100 personnes atteintes de la maladie, un quart seulement le savent et c'est sans doute pire dans les pays moins développés.

  ÉVOLUTION
  Sur l'ensemble :

-Moins de 1% évolue vers l'hépatite fulgurante.
-10% évoluent vers une hépatite aiguë symptomatique.
-90% évoluent vers une hépatite aiguë asymptomatique dont 80 % vers une hépatite chronique qui se subdivise en
- 50% en hépatite peu évolutive (porteurs sains).
- 50% en hépatite évolutive vers la cirrhose (20 à 50%) en 10 à 20 ans dont 5% par an présentent des complications (on parle alors de cirrhose décompensée, ex : les varices oesophagiennes) et dont 5 à 15% par an évoluent vers l'hépatocarcinome. (cancer du foie)

On fait généralement la distinction entre porteurs sains (virus non actif) et hépatites C chroniques persistantes qui sont peu actives. (GAIPH)

  FACTEURS
  Certains facteurs peuvent influer sur la maladie comme l'âge, le sexe (les femmes "résistent" mieux) et la durée de l'infection. Dans tous les cas, l'excès d'alcool (plus de 3 bières par jour) aggrave la maladie.

Dans les facteurs agravants, on peut ajouter certaines maladies pré-existantes.

En privé, le Professeur Adler a émis qu'une consommation de 20 bières par semaine était déjà un facteur aggravant. La vie est plus précieuse que l'alcool : prenez du plaisir à boire autre chose... (GAIPH)

  TYPES DE TRANSMISSION
  La transfusion sanguine

Ce risque de transmission est quasi nul depuis 1990.

En 1987: 6% de risque
En 1994: < 0,5% de risque
En 1997: une poche infectée pour 100.000
(conférence du Dr Kahaleh de l'ULB-Erasme à la Journée Européenne de l'Hépatite C à Nice)

(NDLR GAIPH)

Mais avant cette période, on ne faisait pas de vérifications en ce qui concerne donneurs de sang et donc, la majorité des patients atteints ont été contaminés principalement dans les années 80.

L'usage de drogues par voie intraveineuse

C'est aujourd'hui la première cause de contamination car trop de toxicomanes se "passent" leur matériel. (seringues, eau, pailles pour sniffer)

L'utilisation d'instruments contaminés

Certains actes sont risqués s'ils sont faits avec du matériel peu ou mal stérilisé. C'est le cas pour les tatouages, les piercings, l'acupuncture… Remarques : 3% des mères peuvent transmettre l'hépatite à leur enfant lors de l'accouchement. C'était surtout vrai avant 1997 (mesures d'asepsie insuffisantes). La contamination se fait rarement par relations sexuelles sauf pour les personnes ayant beaucoup de partenaires différents, les personnes ayant des rapports pendant les règles et, enfin, on rencontre beaucoup de personnes infectées en milieu carcéral. (drogue, rapports anaux)

  Symptômes
  On peut parler de maladie vicieuse car les seuls symptômes apparents sont une grande fatigue. Or, qui ne se sent pas fatigué à un moment ou à un autre ? De plus, lors de la contamination et même en début de chronicité, les symptômes sont quasi inexistants ou faibles ou encore peu spécifiques. Certains patients peuvent cependant présenter, outre la fatigue, des nausées, des malaises divers ou des arthralgies. Les cictères sont plus rares encore.

  Évaluation
  Malheureusement, il n'existe pas encore de vaccin pour prévenir l'hépatite C. (différentes familles virales, mutations fréquentes, culture en labo impossible et existence d'un seul modèle animal à savoir le chimpanzé) Il est donc très important de sensibiliser les médecins généralistes afin de mieux prévenir les patients et mieux les soigner. Il est essentiel que le généraliste se mette à jour dans ses connaissances, dépiste les porteurs du virus afin de limiter l'épidémie, informe les toxicomanes en favorisant l'usage de seringues et aiguilles stériles et à usage unique, favorise les traitements de substitution (toujours pour les toxicomanes), use systématiquement de gants lors de contact avec du sang ou des produits dérivés, s'en réfère à un hépatologue pour la mise au point d'un traitement approprié, applique une politique de prévention et d'information au sein de sa clientèle.

En effet, une connaissance des facteurs-risques leur permettra d'agir plus vite en effectuant par exemple une recherche AC anti-VHC (coût d'environ 100 Fb non remboursable actuellement) après avoir vérifié les transaminases. Plus tôt l'hépatite est dépistée et traitée, plus grandes sont les chances de guérison totale.

Nous tenons à l'œil les avancées du vaccin curatif E-1 contre le VHC d'Innogenetics. (GAIPH)

Remarques:

1° bien sûr que le dépistage systématique ne se justifie pas mais le généraliste est le mieux placé pour effectuer des dépistages ciblés = prévention primaire.

- patients transfusés avant 1990. - toxicomanes. [et anciens toxicomanes par voies intraveineuse et nasale]
- personnel médical et paramédical.
- personnes tatouées ou ayant des piercings.
- personnes hémodyalisées.
- enfants de parents infectés.
- personnes présentant une augmentation des transaminases (1/3 ayant une sérologie positive ne font pas partie d'une catégorie de patients à risques)
- prévention secondaire: quand la maladie est déjà installée, proposer un traitement précoce et s'assurer de l'abstention d'alcool.
Assurer un traitement précoce n'est pas chose facile puisque les rares dépistages du VHC pendant la phase aigüe et qui offrirait, paraît-il, 80% de réussite ne donnent pas droit au remboursement du traitement par les mutuelles.... (GAIPH)

2° suivi par le généraliste :

- négocier les propositions thérapeutiques. - orienter le patient vers un centre d'hépatologie.
- expliquer au patient la mise au point qui précédera son traitement.
- l'avertir clairement des contraintes du traitement et le mettre en confiance.
- être disponible lors de l'apparition d'effets secondaires.
- assurer activement la continuité de la prise en charge.
- si le patient n'est pas traité, surveiller la fonction hépatique et l'abstinence d'alcool.

  Contagion
  Hélas, la contagion de l'hépatite C est encore plus importante que la contagion du sida!

C'est exact mais l'hépatite C n'est pas considérée comme une M.S.T. car il n'y a pas de présence virale dans le sperme ou les sécrétions vaginales. (GAIPH)

Ex: chez les toxicomanes, la contagion de l'hépatite C est de 100%, pour le sida de 20 à 30%.

  En résumé
  - Maladie nouvelle peu ou pas connue du public.
- Maladie très contagieuse (mais uniquement par le sang)
- Maladie qui évolue très discrètement.
- Les traitements sont en évolution rapide. (on pense pouvoir contrôler totalement la maladie vers 2006)
- Une prévention primaire et secondaire est possible. (c'est en principe le rôle du généraliste)

Hépatites Chroniques

On parle d'hépatite chronique lorsque le virus persiste dans le sang au moins durant 6 mois (ARN du VHC) dans le sérum et lorsque les transaminases restent, elles aussi, anormalement élevées durant plus de 6 mois. La maladie est alors active et une biopsie révèlera éventuellement des lésions provoquées au foie. Un traitement s'avérera nécessaire. Malheureusement les thérapies coûtent très cher et sont inutiles une fois sur deux. De plus le traitement est long (généralement de 6 mois à 1 an) et difficile à supporter. Il n'est plus proposé, sauf exceptions, aux patients de plus de 65 ans. Les facteurs qui prédisent une bonne réponse au traitement sont:

- pour l'hôte:

1. L'absence de consommation d'alcool.
2. Une ferritine basse.
3. Un jeune âge pour le patient (moins de 60 ans)
4. Un patient de sexe féminin.
5. Une absence de cirrhose.

- pour le virus:

1. Un génotype viral différent du 1.
2. Une charge virale basse.
3. Une contamination récente.

Traitement antiviral:

Bi-thérapie (Interféron en injections sous-cutanées + Ribavirine en capsules par voie orale)

- durant un an pour le génotype 1
- durant 6 mois pour les génotypes 2 et 3.
Résultat : 40% de guérison.
Effets secondaires:

les principaux car il y en a beaucoup d'autres d'un individu à l'autre ! (GAIPH)

- Fatigue, état grippal, (fièvre, frissons)
- Troubles sanguins, (globules rouges, globules blancs, plaquettes)
- Troubles émotionnels, (dépression, troubles du sommeil, anxiété)
- Perturbations des facteurs thyroïdiens. (7%)

Remarque : la ribavirine est un tératogène. On ne peut concevoir d'enfant durant le traitement et durant 6 mois après le traitement.

Nous conseillons un an d'attente par précaution. (GAIPH)

Surveillance du traitement :

- Suivi régulier par le médecin généraliste - Suivi biologique au début bimensuel et ensuite mensuel.
- Suivi par spécialiste tous les mois. Ensuite, tous les 2 mois, recherche de l'ARN viral.

Contre-indications au traitement:

- Problèmes cardiaques ou sanguins. (ea : l'anémie) - Femmes enceintes et hommes qui veulent procréer.
- Cirrhose , problèmes de reins, dérèglement de la thyroïde.
- Troubles psychologiques. (dépression)
- Toxicomanie intraveineuse ou nasale. (une cure de désintoxication est demandée avant le traitement)
- Patients qui refusent d'arrêter de boire.

Réponses au traitement :

BONNE :

- transaminases normalisées après 6 mois de traitement. - plus de code génétique (ARN viral) après au moins 5 ans.

MAUVAISE :

- Rechuteur : pendant le traitement, chute des transaminases, mais à la fin de celui-ci, les taux remontent. - Non-répondeur : le patient ne normalise pas ses transaminases durant le traitement, ARN présent.

Retraitement :

- Rechuteur : on recommence le traitement.
- Non-répondeur :

- Interféron pégylé,
- Interféron + Ribavirine + Amantadine
- Maxamine.

NB : - augmenter les doses ou la durée du traitement ne sert à rien.

- l'interféron pégylé donne un espoir de meilleure réponse et se fera à raison d'une seule injection par semaine. (pas encore de tests cliniques)

l'interféron pégylé est utilisé dans certains hôpitaux mais seuls deux patients sur cinq en bénéficient car les patients sont randomisés (au hasard) dans les différentes études en court. (GAIPH)

- la transplantation hépatique est indiquée pour les cirrhoses décompensées mais, néanmoins, le virus C persiste et attaquera le nouveau foie environ 5 ans après la transplantation.

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