Le Pégylé nest pas une nouvelle molécule mais une
nouvelle présentation de lInterféron-alpha.
En effet, la technique de pégylation comprenant du Poly Éthylène
Glycol associé à l Interféron-alpha permet
de ralentir la diffusion dans lorganisme. Ainsi, avec une seule
injection, le Poly Ethylène Glycol permet une libération
lente de lInterféron-alpha pendant une semaine.
Il y a quelques mois, lors dune réunion grand public organisée
par SOS HEPATITES à Bordeaux, le Professeur COUZIGOU nous expliquait
quavec lInterféron-alpha standard, le virus de lhépatite
C était en vacances un jour sur deux !
En fait, il faut rappeler lhistoire de ce traitement comme nous
lavions déjà fait dans notre journal "Quelques
Infos du GAIPH...".
Dès 1986, plusieurs équipes étaient convaincues
que les hépatites non-A non-B correspondaient à lexistence
dun virus encore inconnu. Les équipes décidèrent
alors, sans connaître le virus, de traiter les patients présentant
des transaminases élevées et des lésions hépatiques
importantes par de lInterféron-alpha qui était le
traitement habituel dans lhépatite B.
Tout naturellement, les premières études ont utilisé
l Interféron-alpha avec 3 injections par semaine, ce qui
était la référence dans le traitement de lhépatite
B.
En 1989-90, on découvrait enfin le virus de lhépatite
C et les tests étaient mis en place dès 1991. Les premiers
essais à grande échelle utilisant lInterféron-alpha
savérèrent malheureusement peu convainquants, car
avec le recul, on sait maintenant que seul 19 % des patients traités
par l Interféron-alpha seul ont pu voir disparaître
leur virus de façon définitive.
Ces résultats étaient peu encourageants et on a donc
cherché tout azimut pour découvrir dautres molécules
efficaces et ce fut la découverte de la Ribavirine, qui a permis
dobtenir 43 % de réponses virologiques soutenues chez
les patients traités.
Ces progrès thérapeutiques ne doivent pas nous faire
oublier que les techniques de biologie moléculaires pendant ces
années ont énormément progressé. La PCR
(Polymérase Chain Reaction) a permis de retrouver du virus. Puis,
il y a quelques années, les quantifications virales ont été
rendues possibles.
Plusieurs équipes se sont alors penchées sur les effets
de l Interféron-alpha après une injection en réalisant
des quantifications virales de façon horaire. Et on a alors découvert
quau bout de 24 heures l Inetrféron-alpha perdait
de son efficacité et que le nombre de virus se multipliait à
nouveau. Cest sur cette constatation que le Professeur COUZIGOU
affirmait que le virus était en vacances un jour sur deux.
Heureusement, la Ribavirine a permis de potentialiser lInterféron,
mais surtout, les équipes médicales ont compris que le
rythme de 3 injections par semaine nétait pas le plus adapté.
Il ne nous restait alors comme possibilité que de réaliser
des injections journalières dInterféron-alpha ,
ou de mettre au point un Interféron à diffusion progressive
pour pallier ce manque deffet.
Cest là la révolution de l INTERFERON
PEGYLE.
Des études récentes présentaient au dernier congrès
à Dallas ont prouvé que lIinetrféron Pégylé
faisait à lui seul aussi bien que lassociation Interféron
alpha et Ribavirine et que cela permettait dobtenir plus de 40
% de réponse virologique soutenue.
Enfin, quelques essais, encore trop insuffisants, dassociation
d Interféron avec la Ribavirine promettent des résultats
passant le cap fatidique des 50 % voire 60 % de réponses virologiques
soutenues.
Malheureusement, bien que la mise au point de l Iinterféron
Pégylé soit connue depuis 2 ans, sa diffusion large nest
encore pas assurée et bon nombre déquipes médicales
utilisent le Pégylé du pauvre pour donner le maximum de
chances à leurs patients nayant pas répondus ou
rechutés à un traitement standard. Cette technique consiste
à réaliser des injections journalières.
Du côté du patient, il ny a pas à démontrer
le bénéfice à réaliser une seule injection
par semaine contre 7, de plus, le syndrome pseudo-grippal après
injection nest plus aussi important. Le confort du malade nest
malheureusement pas la priorité.
On pourrait évoquer le problème de coût, mais il
ne semble pas y avoir de surcoût majeur entre les deux types d
Interféron.
Alors pourquoi tant de retard ? Pourquoi une attente si longue ?
Dans dautres maladies virales chroniques, comme le VIH, la pression
des patients permet une mise à disposition des molécules
nouvelles très rapidement. Malheureusement, les malades atteints
dhépatite C ne se font pas entendre ou sont peu écoutés.
Faut-il manifester ? Défiler dans la rue ? Senchaîner
aux grilles du Ministère ou de lAgence du Médicament ?
Ou faut-il boycotter les traitements standards et exiger lIinterféron
Pégylé...?
Le progrès ne vaut que sil est partagé par tous.
Mais les patients simpatientent !!!
Dans notre esprit, les malades et les médecins devraient se
rejoindre pour exiger la diffusion large et rapide de l Iinterféron
Pégylé.