Chaque trimestre, nous envoyons à nos
membres ce que nous pourrions appeler les chroniques du GAIPH. Nous
rassemblons toutes les informations susceptibles d'intéresser
nos membres et les présentons dans un recueil que nous appelons
"Quelques infos du GAIPH..." Nous aimerions évidemment
pouvoir offrir à nos membres un support présenté
tel un magazine mais nous n'en avons pas encore les moyens, ni le temps.
En réalité, c'est plus une question de temps que de moyens
car si quelqu'un pouvait s'en occuper en consacrant quelques heures
de son temps à la rédaction de ce trimestriel, nous pourrions
alors présenter un travail d'une grande qualité. En attendant,
nous les envoyons selon une présentation de type "lettre".
Nous sommes conscient que le contenu est plus important que la présentation
mais... Nous attendons vos propositions !!
Au
hasard des conversations, aux travers de revues dont les articles
sont, paraît-il, exclusivement réservés aux
médecins, nous glanons différentes informations qui,
parfois insignifiantes de prime-abord, offrent à l'occasion la
réponse à une question qui trottait depuis trop
longtemps dans la tête de l'un d'entre-nous. C'est pourquoi,
dès que leur nombre est suffisant pour justifier un courrier,
nous vous les faisons parvenir. Nous espérons que ces infos
retiendront votre attention et que quelques-uns d'entre-vous y
trouveront un indice intéressant. A bientôt, Nadine
& Henri "
Cidex
: une version belge du " sang contaminé " ?
Lorsque
nous avons appris, comme vous, qu'un lot de Cidex® non conforme
pouvait avoir causé des contaminations aux virus des
hépatite B, C et du HIV, nous avons contacté à
chaud le Dr Brenard de la Clinique St-Joseph à Gilly,
hépatologue renommé, qui nous a répondu par
E-mail très rapidement. Nous vous livrons sa réponse
intégrale :
"
Bonjour, Le problème du Cidex fait beaucoup de bruit. Voici
quelques explications. Il est utilisé par de nombreux
hôpitaux pour désinfecter le matériel
médical (endoscopes en gastro, en urologie, en
pneumologie,...athroscopes, petit matériel en consultation
d'ORL, ...). Il est donc très largement utilisé mais
pas par tout le monde car il existe d'autres produits sur le
marché. Depuis la mi-février, 85 hôpitaux ont
reçu de la firme Johnson & Johnson un lot de bidons de
Cidex (le lot 0001) parmi lesquels 2% d'entre eux sont non conformes
et donc n'ayant pas le pouvoir désinfectant approprié.
Il existe un risque potentiel de transmettre d'un patient à un
autre un virus (hépatite B, C ou HIV). Ce risque est
extrêmement faible car les virus sont assez fragiles; certains
disent même qu'il est nul pour le SIDA. Cependant afin de
rassurer les patients, la plupart des hôpitaux (dont le
nôtre) ont envoyé une lettre d'information aux patients
qui ont été en contact avec du matériel
désinfecté avec du Cidex "suspect" pour les rassurer et
leur proposer un test de dépistage gratuit (HBC, HBV, HIV)
avec contrôle 3 et 6 mois plus tard. Je reste à votre
disposition pour tout renseignement complémentaire,
Réginald Brenard "
Quoique
nous ayons la certitude de la fragilité du virus du SIDA,
certaines opinions divergent quant à celle du VHC. En
réalité, nous avons eu des avis tout à fait
contradictoires à ce sujet. Nous avons entendu parler de 72
heures de vie pour le VHC. Ce constat avait été
établi dans l'analyse d'une gouttelette de sang coagulé
laissé à l'air libre. Il est vrai qu'on ne peut pas
vraiment comparer car les particules virales étaient contenues
dans du sang coagulé et non au contact direct de l'air. Pour
les instruments chirurgicaux mis en cause dans l'affaire du
Cidex®, il semble que ceux-ci ont quand même subi un
premier nettoyage préparatoire avant leur bain dans le
Cidex®, ce qui est suffisant pour ce qui concerne le HIV et
peut-être vaguement rassurant en ce qui concerne le VHC, mais
bien insuffisant, à notre avis, pour éteindre tout
risque de contamination.
Les
hépatologues de référence auxquels nous avons
recours pour ce genre de question ont tous été
rassurants quant à la fragilité du virus à l'air
libre, surtout dans les conditions d'hygiène strictes
auxquelles sont soumis les instruments avant le bain de Cidex®.
(absence d'agent protecteur comme ce fameux sang coagulé) Nous
ne pouvons qu'espérer qu'il y ait eu plus de peur que de mal
mais nous déplorons que déjà les
responsabilités fassent l'objet d'une partie de ping-pong
où chacun se renvoie la balle ! (Johnson & Johnson
prétend avoir prévenu les hôpitaux de la
défectuosité du produit bien avant son usage !)
N'oublions pas non plus, qu'indépendamment de la
réputation professionnelle d'un médecin
d'hôpital, nous supposons qu'il est tenu à un devoir de
réserve et qu'on leur demande, avant tout, de ne pas
créer une panique au sein de la population. Affaire à
suivre
Nous
avons également ouvert un dossier sur les problèmes de
stérilisation dans les hôpitaux, polycliniques, et
praticiens à domicile, dont vous aurez évidemment les
échos.
Découverte
d'un " dopant " de l'Interféron-alpha
?
Parfois,
on découvre des moyens d'améliorer une thérapie.
J'ai traduit pour vous un article d'une revue anglophone, que voici :
L'efficacité
de l'Acide Ursodeoxycholique (Ursophalk®) dans la thérapie
de l'hépatite C chronique : Westport, le 24 mai (Reuters
Health)
L'usage
additionnel d'Acide Ursodeoxycholique (UDCA) renforce la
réponse à l'Interféron-alpha chez certains
patients souffrant d'une hépatite C chronique. C'est ce que
rapportent des chercheurs italiens dans l'édition de mai du
"European Journal of Gastroenterology & Hepatology ". Les Dr
Guizeppe Mazella de Bologne et son équipe remarquent que
l'efficacité limitée de l'Interféron-alpha dans
le traitement de l'hépatite C chronique a
accéléré la recherche de stratégies de
traitement plus efficaces. C'est ainsi qu'une étude a
été réalisée sur la combinaison de
l'Interféron-alpha avec du UDCA. (Acide ursodeoxycholique)
Pour faire leurs investigations, les chercheurs ont
étudié 103 patients souffrant d'hépatite C
chronique et qui n'avait pas répondu au traitement
après 4 mois de traitement à l'IFN-alpha à
raison de 3 injections par semaine. Tous avaient des transaminases et
une virémie très élevés. Une partie des
sujets ont été traités avec l'IFN-alpha seul,
les autres avec une combinaison IFN-alpha + 600mg d'UDCA par jour.
Les
patients de référence ont été
traités pendant 8 mois et ensuite, l'IFN-alpha a
été arrêté. L'autre groupe a reçu
le traitement combiné pendant 8 mois également et a
reçu ensuite de l'UDCA seul pendant 6 mois. Une
évaluation après 8 mois de traitement a montré
que 20 des 53 patients ayant reçu la combinaison des deux
produits (soit 38%) avaient des transaminases normales contre
seulement 12% (6 sur 50) pour les patients en monothérapie
IFN-alpha. De plus, 3 mois après l'interruption de la prise
d'IFN-alpha, 15 patients du groupe ayant reçu la combinaison
gardait des transaminases normales contre 0 dans le groupe
monothérapie. 6 mois après l'interruption de
l'IFN-alpha, 9 patients conservaient encore des transaminases
normales et la présence de l'ARN viral avait disparu chez 4
d'entr-eux. Les chercheurs en ont conclu que l'UDCA renforçait
le degré de réponse à l'IFN-alpha, et que pour
8% des patients traités avec la combinaison des deux produits,
on obtenait une réponse soutenue associée à la
disparition de l'ARN viral dans le sang.
Nous
considérons que le ton du commentaire de ces scientifiques
suffit à prendre ces chiffres comme une découverte
optimiste. Voici maintenant l'avis du Dr Brenard, hépatologue
à la clinique St-Joseph à Gilly et membre de la BASL
(Belgian Association for the Study of the Liver) sur l'UDCA :
"
L'acide ursodéoxycholique (Ursofalk® ou Ursochol® en
Belgique) n'est efficace que dans certaines maladies du foie bien
particulières à savoir des maladies cholestatiques(1)
comme la cirrhose biliaire primitive ou la cholangite(2)
sclérosante. Il n'a aucune efficacité actuellement
démontrée dans l'hépatite C ou ses
complications. "
Plus
simplement dit, on utiliserait l'Ursofalk® pour ralentir
l'évolution de la cirrhose et lorsque les canaux biliaires
posent problèmes mais il n'apporterait aucune solution
thérapeutique à l'hépatite C elle-même. En
tout cas, l'usage de l'Ursofalk® nous a été souvent
confirmé par des patients cirrhotiques.
(1)-La
cholestase est une diminution voire un arrêt de la
sécrétion biliaire soit à cause d'une
obstruction des voies biliaires, soit à cause d'une
défaillance des hépatocytes (cellules du foie).
(2)-La
cholangite est une inflammation des voies biliaires entraînant
un durcissement des parois de ces voies biliaires.
Vaccin
de l'hépatite B : " faire une montagne d'une souris ! "
Cette
idée largement répandue et venant tout droit de France
met en relation la prise du vaccin contre l'hépatite B et la
venue d'une sclérose en plaques. Sur ce sujet, le GAIPH
cautionne largement les avis scientifiques à ce sujet.
1-
Tout d'abord, le vaccin n'entraîne pas de lui-même la
venue d'une sclérose en plaques.
2-
Nous retenons que de nombreux avis scientifiques ont établi
que le vaccin multipliait les risques de slérose en plaques
chez les enfants dont les gènes de la maladie
étaient inscrits dans leur ADN.
On peut présumer que le vaccin a servi de catalyseur
à la venue d'une maladie qui se serait
développée un jour ou l'autre, avec ou sans le
vaccin.
Compte
tenu du coût élevé du vaccin dans son ensemble (4
injections à 1.220 FB étalées sur une
année), nous pensons que le remboursement devrait être
acquis dans tous les cas, sans aucune restriction. De toute
façon, il a été démontré que le
coût de la vaccination est inférieur au coût des
traitements lorsque le mal est déjà fait.
Malheureusement, nos responsables politiques ne l'entendent pas de
cette oreille et les modalités de remboursement du vaccin sont
régulièrement modifiées et dans un sens de plus
en plus restrictif. Actuellement (avril 2001), le vaccin est
remboursé partiellement pour les adolescents entre 14 et 15
ans, ainsi que pour certaines professions à risque. Ensuite,
au moment où nos jeunes vont faire partir des groupes à
risques (sexualité), la prise en charge est terminée.
D'autre
part, nous doutons sincèrement que l'ensemble des personnels
hospitaliers se soient fait vaccinés s'il existait un risque
réel de maladie grave à la clé. Pour conclure,
nous vous livrons un article de la revue professionnelle de
santé publique " Réseaux Hépatites " traitant
justement du sujet : " Titre : Vaccin anti-VHB en milieu scolaire :
sérénité canadienne. Dans une lettre au " Lancet
" du 5 février 2000, il est rapporté les
résultats d'une vaste étude canadienne qui conclut
qu'il n'existe pas d'association entre la vaccination contre le VHB
en milieu scolaire et les affections démyélinisantes,
et les auteurs de conclure que, en accord avec les recommandations de
l'OMS, les programmes de vaccination sont poursuivis.
"En
Colombie-Britannique, province canadienne, depuis 1992, la
vaccination anti-VHB est proposée aux enfants de 11-12 ans :
entre octobre 1992 et septembre 1998, avec une couverture vaccinale
de 92,3%, 267.412 enfants ont eu la vaccination complète soit
environ 966.000 personnes par année. Les auteurs ont
recherché la survenue d'une sclérose en plaque chez les
11-17 ans dans les données du seul hôpital pour enfants
de cette province, dans la banque de données de cette province
et auprès des neuro-pédiatres. Ils n'ont
constaté aucune différence significative, malgré
l'amélioration récente des méthodes
diagnostiques, entre les adolescents qui avaient 11-12 ans avant la
période de vaccination. Les données de l'hôpital
pour enfants en ce qui concerne les encéphalomyélites
post-infectieuses ont également été
collectées et leur analyse ne retrouve pas non plus
d'association avec la vaccination anti-VHB. "
Un grand
merci à ceux d'entre-vous qui nous envoient des infos qu'ils ont récoltées
à droite, à gauche. A vous tous, nous souhaitons le meilleur état
de santé possible et de garder courage dans chaque situation. N'hésitez
jamais à nous appeler quand le moral ne va pas. Pour le GAIPH asbl, Henri
& Nadine.